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Réduire son empreinte numérique

Par Gisèle Henne, ADN, [email protected]

Nos préoccupations se tournent quotidiennement vers l’écologie. Enfin! direz-vous. Dans un monde qui se construit à partir des technologies, comment alléger notre impact en tant que consommateur? Comme le sujet est préoccupant, j’ai répertorié au fil de mes lectures quelques excellentes tactiques pour réduire notre empreinte écologique à travers l’utilisation des outils numériques.

 

Dénoncer l’obsolescence

Vous avez entendu parler du concept d’obsolescence programmée? Il s’agit de la pratique commerciale de qui vise à réduire la durée de vie d’un produit ou d’en limiter l’évolution technologique. Cela concerne particulièrement les ordinateurs, les tablettes et les téléphones intelligents. L’obsolescence rend nos outils désuets et en entraîne une surconsommation. Cette surconsommation amène à un épuisement de métaux spécifiques, dont certains aux propriétés magnétiques précieuses, dénommées les «terres rares» (néodyme, dysprosium, yttrium et lanthane). Nous devons dénoncer l’obsolescence programmée et revendiquer des outils durables et écoresponsables.

Penser CO₂

Vous êtes peut-être également conscient que toutes les étapes du cycle de vie d’un objet (conception, production, utilisation, recyclage, etc.) génèrent des émissions de CO₂. C’est ce qu’on appelle le poids carbone. On calcule le carbone généré en kilos, depuis l’extraction et le raffinement des matières premières, jusqu’à l’élimination de l’objet, en fin de vie. Dans l’ère numérique, paradoxalement, plus on miniaturise et plus on complexifie les composants, plus on alourdit leur impact sur l’environnement. Selon un rapport de Greenpeace sur la pollution numérique : pour un ordinateur d’environ 2 kg, 800 kg de matières premières sont mobilisés, soit un poids en CO₂ générés de 124 kg, sur les 169 kg émis sur l’ensemble de son cycle de vie. Étonnant, n’est-ce pas, comme la fabrication d’un appareil reste plus polluante que toute sa durée d’utilisation?

Prolonger la vie des appareils au maximum

Ainsi, il faut prendre soin de nos outils de communication et ne pas nécessairement les changer pour la dernière génération tendance. Lorsqu’ils deviennent inappropriés à notre utilisation, il faut idéalement arriver à leur donner une seconde vie, les rendre réutilisables et surtout ne pas les laisser traîner dans un tiroir. Selon l’Association canadienne des télécommunications sans fil (ACTS), 6 Canadiens sur 10 possèdent un cellulaire qu’ils n’utilisent pas et qu’ils gardent dans un tiroir. C’est la pire chose à faire. Les outils électroniques peuvent être envoyés à des organismes de réutilisation ou de recyclage, comme ACTS qui offre un programme de recyclage local dans plusieurs villes ou Recyclage Informatique Québec qui propulse le programme Les SerPuaRien.

Si nous voulons réduire notre empreinte écologique, il est essentiel de réparer nos appareils au lieu de les remplacer. On parle donc ici de réduction de la consommation numérique. C’est le geste qui a le plus d’impact.

Pratiquer une navigation web responsable

2020, c’est l’année du 5G. Une navigation vitesse lumière. Aller plus vite, c’est consommer davantage. Il y a nécessairement un impact environnemental à tout ça. D’ici 2022, le trafic vidéo sur Internet représenterait 82% des données qui y circulent, selon une analyse de CISCO. Et vous, consommez-vous du vidéo en continu (en streaming)? Alors que Apple, Facebook et Google se sont engagés à approvisionner leurs centres de données à partir d’énergies renouvelables, Netflix continue d’alimenter son offre de diffusion en continu avec des énergies fossiles. Toujours tenté? Si nous ne pouvons nous en empêcher, la meilleure pratique de streaming propose de visionner les vidéos dans la plus basse résolution possible.

Du côté de la navigation internet, êtes-vous du type à naviguer avec 43 onglets ouverts en parallèle? Nous devons prendre conscience que chaque adresse ouverte communique avec un serveur et consomme de l’énergie, autant sur notre ordinateur que sur le serveur répondant. Fermer les onglets inactifs de votre navigateur internet permet d’économiser de l’énergie simultanément dans deux endroits différents du globe.

Ne pas googler

Dans un même ordre d’idées, saisir une adresse directement dans votre navigateur au lieu d’utiliser un moteur de recherche est une bonne habitude à prendre, autant pour notre muscle mémoire que pour utiliser moins d’énergie (jusqu’à 4 fois moins selon certains blogueurs). Nous pouvons également personnaliser l’interface de notre navigateur, utiliser adéquatement les favoris, l’historique ou les pockets.

Chercher en mode écolo

Enfin, l’utilisation quotidienne d’un moteur de recherche écologique peut avoir un impact réel. Il existe plusieurs moteurs de ce genre qui, grâce aux recettes publicitaires générées, financent des projets environnementaux ou s’engagent à les verser à des ONG et des associations. Par exemple, le moteur Écosia permet la plantation d’arbres dans les régions défavorisées du globe, selon les profits réalisés. Plus que carboneutres avec ces nouveaux arbres, ils revendiquent la suppression de 1 kg de carbone par recherche effectuée. Ou encore le moteur Lilo, qui nous permet de choisir dans quel projet de développement durable nous souhaitons contribuer par les gains publicitaires émis lors de notre navigation. Pour moi, c’est également une bonne façon de prendre conscience de notre empreinte de navigation.

Repenser le courriel

L’envoi de courriels (et surtout l’envoi d’images par courriel) n’est pas sans conséquences. Selon la société CleanFox, spécialistes du nettoyage automatisé de boîtes courriels, un courriel stocké sur un nuage produit 10 grammes de CO₂ par an. Et vous, combien avez-vous accumulé de courriels sur Google ou sur Hotmail? Quand on pense que 60% des courriels et que 90% des infolettres ne sont jamais ouverts, on imagine rapidement l’énergie inutile dépensée par des serveurs du Texas pour conserver au frais ces icebergs d’inutilité.

Concrètement, nous pouvons tous avoir un impact immédiat sur cet enjeu:

  • En supprimant dès maintenant les courriels inutiles de nos boîtes courriels nuagiques.
  • En supprimant les pièces jointes inutiles aux courriels archivés et en évitant de les faire suivre s’il n’y a pas lieu.
  • En prenant l’habitude de réduire les formules de politesse en clôture d’échanges.
  • En se désabonnant des infolettres jamais lues.
  • En optimisant correctement son pare-feu (firewall).

La solution de la réduction est encore celle qui a le plus de poids ici.

Alléger le nuage

Selon l’Agence de l’Envidonnement et de la Maîtrise de l’Énergie, les pratiques d’archivage nuagique se démocratisent rapidement et consomment une quantité très importante d’énergie au niveau mondial. Une bonne stratégie de travail est de partager essentiellement les fichiers utiles au travail collaboratif, en conservant le plus possible les données localement sur notre ordinateur ou un disque dur externe. Lorsque les données deviennent inutiles à la collaboration, nous devons les archiver sur un disque dur externe et les supprimer du nuage.

Partager les bonnes pratiques

Voici ma dernière bonne pratique préférée. Parlons autour de nous de l’empreinte écologique qui vient avec l’utilisation quotidienne des technologies et modifions ensembles notre vision et nos habitudes numériques.

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